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Le marché
 
Ce n’était pas un marché de Provence
Mais il était dans le sud de la France.
Il étalait plus de mille couleurs
Soutenues gaiement de mille senteurs.
 
La tomate en grappes sur l’étal
Coule d’un rouge torrent amical.
Les nèfles en habit jaune orangé
Cachent les figues parées de violet.
 
La fumée âcre des merguez grillées
Flotte dans l’air, s’infiltre en papille,
Se mêlant à la menthe, se tortille
Pour inonder le marché Meissonnier.
 
On s’interpelle d’étal en étal
Du marchand pressé au chaland confus
Dans un brouhaha de langues absolu
Mêlant l’arabe au français sans grand mal.

 

                      Philippe BOURGOIS
 

TIPAZA20

Le cartable

A la fin de la classe au long cours achevé,

D’un chœur à l’unisson, un chant s’est élevé.

C’est celui des “crapauds” barbotant dans la vase

Et clignotant des yeux aux couleurs de topaze.

 

Puis, la maitresse dit aux enfants de six ans :

“Il est l’heure, à présent, de regagner vos rangs,

De laisser vos cahiers refermés sur la table

Et de sortir, sans bruit, dans un ordre impeccable”.

 

Lors, auprès de la porte, elle assiste au départ

De chacun des petits qui puise en son regard

La considération pour les dons qu’il possède

Et qu’elle fait éclore en prodiguant son aide.

 

Hoquetant de chagrin lorsque survient mon tour,

Je sors craintivement puis entre dans la cour

Et quand maitresse dit : “qu’est-ce donc qui t’accable ?”,

Je réponds tout penaud : “j’ai perdu mon cartable !”.

 

Aussitôt goguenards, mes copains facétieux

Pointent vers moi l’index d’un geste malicieux

Mais quand, discrètement, sa main douce me frôle,

L’enseignante murmure : “il est sur ton épaule !”.

 

...

                           Nicole METIVIER

 

 

Mes pas me mènent irrésistiblement dans les restes romains de l’ancienne Tipaza.

Les pierres alignées plongent dans la mer et se fondent dans l’eau teintée d’argent, au pied de la colline. La lumière orangée tourbillonne entre les pavés disloqués qui jonchent le sol de leurs cadavres modelés. 

Les absinthes, le thym, le serpolet et autre marjolaine mêlent leurs parfums en un nuage odorant qui glisse sous les arches et coule le long de l'antique voie.


Les aloès foisonnent et dressent, pour certains, la fière hampe florale qui annonce leur prochaine disparition.

 

D'immenses jarres rondes, entières ou blessées par le temps, viennent rompre la verticalité des maçonneries et des pins.

Assis sous la pinède, je laisse mon regard caresser tous ces vieux vestiges. Tout disparaît dans la poussière de l'histoire. 

 

Je profite encore de cet instant magique où les dieux de l'antique chuchotent derrière les pierres.

                                                                                                          Philippe BOURGOIS

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